Magali Chatelain, « Questionner la circulation des artistes de la danse au prisme d’événements ponctuels : l’exemple de la Biennale de la danse de Lyon »
Résumé – La Biennale de la danse de Lyon représente un lieu de rencontre de divers acteur.ices du monde de la danse. Nous analyserons dans cet article l’initiative intitulée « Focus Danse » qui vise à promouvoir la création chorégraphique contemporaine. Responsables de programmation, journalistes, critiques et attaché.e.s culturel.le.s sont invité.e.s à assister à un ensemble de représentations sélectionnées parmi celles du festival. Cette plateforme représente une initiative efficace pour favoriser les prises de contact entre les différent.e.s acteur.ice.s du secteur chorégraphique. Nous questionnons l’incidence d’un passage à un événement ponctuel sur les trajectoires de circulation des artistes.
Mots clefs – Circulation, trajectoire, programmation, diffusion
Depuis 2008, la programmation artistique de la Biennale de la danse de Lyon s’est vue accompagnée par la mise en place d’une initiative, intitulée « Focus Danse », visant à assurer la promotion de la création chorégraphique contemporaine française. En prenant en compte la fenêtre de visibilité offerte par ce festival, qui connaît depuis sa première édition de 1984 un succès public certain, les organisateur.ice.s de la Biennale, accompagné.e.s par l’ONDA1 et l’Institut Français2, ont élaboré ce temps fort à destination des professionnel.le.s internationaux.ales. Responsables de programmation, journalistes, critiques et attaché.e.s culturel.le.s sont invité.e.s à assister en l’espace de quelques jours à un ensemble de représentations sélectionnées parmi celles du festival. Dans un contexte où la tendance est à la diminution de la présence des programmateur.ice.s internationaux.ales dans les grands événements de diffusion3, cette plateforme, qui rassemble en moyenne 600 professionnel.le.s invité.e.s par édition, représente une initiative efficace pour favoriser les prises de contact entre les différent.e.s acteur.ice.s du secteur chorégraphique, et pour stimuler la diffusion des œuvres sélectionnées.
Cet exemple met en évidence un ensemble de circulations susceptibles d’être occasionnées par un événement chorégraphique ponctuel. Dans un premier temps, l’organisation de ce temps fort a pour objectif de développer des dynamiques centripètes autour du festival. En se dirigeant vers un même centre, ces trajectoires se traduisent par la polarisation des acteurs du secteur chorégraphique et culturel à Lyon, le temps de quelques jours. Dans un deuxième temps, l’ambition est alors de créer, en aval de la programmation, des dynamiques centrifuges, se manifestant cette fois sous la forme de trajectoires centre-périphérie. Celles-ci se traduisent par la circulation internationale de certaines œuvres chorégraphiques, que leur présentation dans le cadre de la Biennale a contribué à rendre possible. Cette initiative de diffusion artistique invite à étendre la réflexion aux premier.e.s acteur.ice.s qu’elle concerne : les artistes de la danse. Cette dernière expression fait référence à la fois aux chorégraphes et aux danseur.se.s interprètes, et permet de les considérer dans leur ensemble. C’est dans ce cadre que je m’interroge sur la manière dont les circulations des danseur.se.s peuvent être amenées à évoluer suite à leur participation à un événement ponctuel. Étant donné la complexité des processus de circulation artistique, aussi bien relative aux trajectoires qu’ils mettent en œuvre qu’aux facteurs qui leurs permettent d’advenir, c’est à travers un angle d’analyse exploratoire que cet article souhaite alimenter la réflexion à leur sujet.
La notion de circulation prend ici en compte l’ensemble des déplacements professionnels des danseur.se.s : c’est-à-dire ce qui concerne les flux pouvant être liés à des tournées, à des représentations, et à toutes autres pratiques en lien avec l’exercice professionnel de la danse. Cet objet d’étude se situe au croisement entre la géographie culturelle, à travers la dimension spatiale des pratiques artistiques, et la géographie des mobilités, celles des artistes du spectacle vivant (Amilhat-Szary et al., 2010 ; Barthélémy et Boichot, 2014 ; Barthélémy, 2016), et en particulier celles des danseur.se.s (Apprill, 2016 ; Djebbari, 2016 ; Rogers, 2017).
Cette analyse s’appuie sur deux questionnements principaux : comment évaluer des trajectoires de circulation à partir d’un événement ? Est-ce possible, et quels outils pourraient permettre de mener cette réflexion ? L’analyse est étayée par un ensemble d’entretiens réalisés auprès de chorégraphes implanté.e.s sur le territoire de la métropole lyonnaise, qui avaient pour objectif de questionner les répercussions de leur participation à la Biennale sur leurs circulations professionnelles. À ce corpus principal s’ajoutent des entretiens complémentaires menés auprès des différentes institutions impliquées dans l’organisation du festival, ainsi qu’un corpus documentaire composé de dossiers de presse, de bilans des initiatives de la Biennale et de dossiers faisant état de la diffusion artistique annuelle des compagnies rencontrées.
Observer les effets concrets d’une initiative centrée sur la diffusion chorégraphique
Le fait de s’intéresser à un festival de diffusion chorégraphique invite à aborder dans un premier temps la question de la circulation des œuvres, premier motif de déplacement des artistes de la danse. Une première démarche consiste à s’intéresser aux engagements de diffusion concrètement pris à cette occasion. Avant toute chose, il est important de souligner que ces opportunités sont généralement réservées à un nombre restreint de compagnies. Pour reprendre l’exemple précis du Focus Danse, au sein des initiatives de la Biennale de Lyon, seule une dizaine de compagnies est sélectionnée lors de chaque édition. Le plus souvent, ces dernières bénéficient déjà d’une expérience substantielle et de réseaux de diffusion pré-existants, leur permettant d’être assez solides pour répondre aux opportunités proposées lors du festival.

Figure 1. Trois exemples de compagnies ayant trouvé des opportunités de diffusion à l’échelle mondiale au cours de l’édition 2012 du Focus Danse. Conception et réalisation : Magali Chatelain, 2019
La carte de la figure 1, réalisées à partir de données collectées auprès de l’Association de la Biennale de Lyon, met en évidence les engagements établis par trois compagnies (renommées A, B et C) qui ont particulièrement bénéficié des contacts noués lors de l’édition 2012 de l’événement. Les artistes ont notamment été invité.e.s à faire de nouvelles représentations dans le cadre de festivals, principalement en Amérique du Nord, en Europe occidentale, en Asie orientale et en Australie. Malgré cela, si le rassemblement d’un cluster de professionnels semble une manière privilégiée d’accélérer les rencontres et les engagements de diffusion autour d’un spectacle, il ne faut pas ignorer les vicissitudes habituelles de ce type d’événements professionnels. Il n’existe pas de garantie : les chorégraphes interrogés ont généralement bien conscience qu’un contact établi au détour d’un événement n’est pas suffisant pour assurer par la suite une date de représentation. Dans le cas particulier du Focus Danse de la Biennale de Lyon, l’invitation des professionnel.le.s du secteur artistique et culturel n’est soumise à aucune condition. C’est pourquoi les programmateur.ice.s n’ont pas en retour à s’engager à établir au moins un contrat pour accueillir dans leur établissement l’une des compagnies présentées. Réciproquement, les organisateur.ice.s de l’événement sont dans l’impossibilité de s’engager à long terme dans le soutien des équipes artistiques présentées au Focus, très peu de moyens étant attribués au suivi des relations établies au cours de l’événement. Sans ces garanties, il devient difficile d’affirmer qu’être présenté lors du temps fort assure pour les compagnies et artistes sélectionné.e.s un réel tremplin de diffusion.
Un impact direct difficile à évaluer pour les chorégraphes
Penchons-nous à présent sur la manière dont les chorégraphes évaluent les conséquences de leur participation au festival en termes de diffusion artistique. Il faut bien constater que le fait de chercher à retracer, parmi les trajectoires de circulation d’un spectacle, les moments décisifs qui ont contribué à l’organisation d’une date en particulier, relève d’un exercice délicat. D’un côté, le constat de l’ouverture des réseaux de diffusion suite à la participation à la Biennale peut être d’autant plus facile à faire que la compagnie programmée avait à l’origine un rayonnement territorial peu important. Tel est le cas pour deux chorégraphes qui ont fondé leur compagnie (renommée D) à Lyon en 2006, et dont les créations ont été programmées lors de deux éditions consécutives du festival, en 2006 et en 20084. Cette double participation permet d’observer l’évolution des circuits de diffusion ouverts au duo suite à ces deux événements. Leur constat est assez net :
« En fait, en 2006, on ne s’est pas rendu compte [des effets de notre participation à la Biennale], parce qu’on n’était pas dans le système de diffusion, de création tel qu’on l’entendait. On n’était pas assez structurés en tout cas pour [ça]… Mais en 2008, on a pu en bénéficier. Avec notre nouvelle pièce, on a fait le tour de toute la région, de Valence à Grenoble. Ça c’était tout nouveau, on dirait presque qu’on nous a présentés à la région à l’époque. Et tout de suite aussi, ça nous a ouvert un pont avec Turin, Chiaso, tout ce pan des Alpes côté italien et suisse. Ça c’est du réel. »5
Toutefois, il va de soi que la participation à un événement de diffusion chorégraphique peut être à double tranchant : les chorégraphes sont d’autant plus exposé.e.s à la critique que la concentration de professionnel.le.s sur place est grande. Les craintes concernant l’impact d’une mauvaise réception de leur création sur leurs réseaux de diffusion sont partagées par les chorégraphes. Comme le constate le duo de la compagnie D :
« Ce qu’il faut savoir, c’est que le fait qu’on passe par là, c’est aussi une forme de reconnaissance publique, dans le sens où les aides publiques ça fait que la compagnie évolue, ça nous inscrit directement dans des soutiens spécifiques aux tournées internationales… ça ouvre des portes. Par contre, rater une pièce à la Biennale… C’est la porte directe sur le désert. »6
D’un autre côté, il demeure très difficile de démêler le faisceau de facteurs susceptibles de conduire à la diffusion des spectacles, et de déterminer précisément si la participation à un événement ponctuel peut être considérée comme un élément décisif dans la circulation des œuvres. Tel est le constat établi par un chorégraphe dont la compagnie (renommée E) a notamment été présentée au cours de l’édition 2012 de la Biennale :
« C’est trop difficile d’isoler les choses. Par exemple, si je prends 2012, on avait été en 2011 invité à Yokohama par l’ONDA pour rencontrer tous les programmateurs japonais. En 2012, une partie de ceux-là on les retrouve à la Biennale de Lyon pendant le Focus, et ça nous a permis de faire une tournée en 2013 ou 2014. Donc vous voyez, c’est dur d’isoler que c’est juste la Biennale. Parce que c’est aussi parce qu’on avait déjà été à Yokohama, qu’on avait rencontré les pros… Donc vraiment, je ne saurais pas dire… »7
Le chorégraphe souligne ici le fait qu’il faut mettre la participation à cet événement en perspective par rapport à l’ensemble de sa carrière, et qu’il est potentiellement impossible de retracer la généalogie précise de l’organisation d’une date de représentation.
En somme, les schémas de diffusion des spectacles sont soumis à des mécanismes complexes, qui ne permettent pas d’affirmer pleinement dans quelle mesure la participation à un événement peut se révéler décisive ou non dans la circulation des œuvres chorégraphiques, et des artistes qui les portent. C’est peut-être en se penchant sur des éléments relevant davantage des trajectoires personnelles des chorégraphes que la réflexion peut se consolider.
Circuler dans le cadre de projets artistiques
Deux échelles sont intéressantes pour observer concrètement la manière dont les trajectoires circulatoires des artistes de la danse peuvent évoluer suite à leur participation à un événement chorégraphique. La première est celle des projets chorégraphiques réalisés à l’occasion d’un événement. Dans le cadre de la Biennale, certain.e.s artistes sont par exemple amené.e.s à développer ponctuellement de nouvelles trajectoires de circulation, s’inscrivant dans des initiatives à petite échelle. Tel est le cas d’un chorégraphe, à la tête de la compagnie renommée F, à qui a été confié au cours de la 16ème édition du festival un projet entre Lyon et Turin. Celui-ci s’est inscrit dans le contexte spécifique de la préparation du Défilé de la Biennale, parade chorégraphiée menée dans les rues du centre-ville par des danseur.se.s amateur.ice.s, dirigé.e.s par des chorégraphes accompagné.e.s de leur équipe artistique. Ce projet a été organisé dans le cadre d’un partenariat établi en 2014 entre deux festivals de danse, celui de Lyon d’une part, et celui de TorinoDanza d’autre part. Comme le met en évidence la figure 2, ce projet a impliqué pour le chorégraphe des déplacements répétés afin de pouvoir faire travailler deux groupes d’amateurs distincts, l’un en France et l’autre en Italie. Ceux-ci avaient pour but de se rejoindre à l’occasion des deux parades. Une fois le projet mené à son terme, la circulation du chorégraphe entre Lyon et Turin a été renouvelée. Sa nouvelle création, qui mobilisait sur scène le même univers poétique que lors du Défilé – caractérisé par l’utilisation de marionnettes –, a en effet été programmée lors de l’édition 2016 du festival TorinoDanza.

Figure 2. Le partenariat Lyon-Turin dans le cadre du Défilé de la Biennale de 2014.
Conception et réalisation : Magali Chatelain, 2019
Circuler à l’échelle de la carrière professionnelle
La deuxième échelle retenue pour évaluer l’évolution des trajectoires circulatoires des danseur.se.s en lien avec un événement est celle de leur carrière professionnelle. La majorité des entretiens réalisés rend compte de l’importance de la Biennale de la danse pour les chorégraphes implanté.e.s à Lyon, que ces dernier.e.s y soient programmé.e.s, qu’ils.elles y participent en tant que spectateur.ice.s, ou qu’ils.elles profitent de ce temps fort chorégraphique pour établir ou renouveler des contacts professionnels. Pour aller plus loin, certain.e.s d’entre eux.elles témoignent du poids non négligeable de la Biennale dans le fait d’avoir choisi de quitter leur précédent lieu d’implantation, afin de venir s’installer à long terme à Lyon. Le festival est en effet un signe apparent de la vitalité de la scène chorégraphique lyonnaise, mais aussi des importants moyens financiers mis au service de la danse dans la métropole. C’est pourquoi le festival peut représenter pour certain.e.s chorégraphes un motif important dans le choix d’implanter leur compagnie à Lyon. Cela met alors en évidence des trajectoires circulatoires à long terme, c’est-à-dire à l’échelle de l’existence de leur structure chorégraphique.
Deux exemples permettent d’explorer les aspects de ce choix d’implantation à Lyon. Les chorégraphes de la compagnie E, d’une part, ont vu dans la Biennale un indice des importants moyens financiers et humains mis au service de la danse à Lyon. Le fait d’être programmés lors de l’événement a représenté pour eux un moment privilégié pour rencontrer les acteurs de la scène chorégraphique lyonnaise. À l’occasion de leur participation à la 16ème édition du festival, c’est la rencontre avec un nombre important de professionnel.le.s du secteur local de la danse qui a amené les chorégraphes de cette compagnie, fondée dans la région Poitou-Charentes, à décider de s’implanter à Lyon. Ils ont constaté qu’ils étaient à même d’y recevoir des financements beaucoup plus importants, et de bénéficier de la présence d’interlocuteur.ice.s spécialisé.e.s. Les chorégraphes de la compagnie D, d’autre part, considèrent quant à eux que leur installation à Lyon est intimement liée à l’événement. Au milieu des années 1990, le duo originaire de Tunisie a été repéré par le premier directeur artistique de la Biennale, qui l’a par la suite invité à participer à l’édition 1998 du festival. C’est à cette occasion que les chorégraphes ont découvert un aperçu de la scène chorégraphique lyonnaise, qui les a fortement encouragés à s’implanter à Lyon quelques années plus tard :
« Et donc nous, tout jeunes, tout frais, on arrive à Lyon, et qu’est-ce qu’on trouve ? Une communauté d’artistes, des compagnies de danse professionnelles… On découvre le métier, mais aussi toute la gestion politique d’un projet, qui se manifestait vraiment pendant la Biennale, pendant ce temps fort. Et puis l’histoire de la Maison de la Danse, qui est assez forte, l’histoire de la Biennale encore plus… Et on est tombé amoureux de Lyon ! »8
La carte de la figure 3 met en évidence les éléments liés à la Biennale qui ont pesé dans les différentes trajectoires circulatoires des chorégraphes, à l’échelle de leur carrière professionnelle. Après avoir été formés au Centre National de Danse Contemporaine (CNDC) d’Angers sur les conseils du directeur artistique de la Biennale, puis être retournés quelques temps en Tunisie, les deux membres du duo ont choisi de créer leur compagnie à Lyon, à l’occasion d’une nouvelle participation au festival en 2006. Ces différentes destinations de leur parcours circulatoire ont eu des répercussions auprès de certain.e.s de leurs collaborateur.ice.s. Dans le cadre de leurs projets suivants, les chorégraphes ont tenu à maintenir leurs liens avec leurs ancien.ne.s camarades d’Angers, les faisant régulièrement venir à Lyon pour prendre part à des étapes de création. C’est de cette manière que la polarisation lyonnaise a non seulement marqué le parcours du duo, à partir de sa première participation à la Biennale, mais aussi celui de plusieurs danseur.se.s régulier.e.s de la compagnie, fréquemment invité.e.s à le rejoindre à Lyon.

Figure 3. La place de Lyon et de la Biennale dans le parcours d’une compagnie lyonnaise
Conception et réalisation : Magali Chatelain, 2019
En somme, le questionnement invitait à évaluer les manières dont la participation à un événement chorégraphique peut avoir en retour des effets sur les circulations des artistes de la danse. Deux angles d’approche, centrés sur la diffusion chorégraphique d’une part et sur les parcours des danseur.se.s d’autre part, ont permis de constater que leur participation à la Biennale avait en effet pu avoir une incidence sur les trajectoires circulatoires de certain.e.s des chorégraphes rencontré.e.s. Néanmoins, quelques réserves sont à apporter à ce constat. Ces incidences ne sont en effet ni garanties, ni réservées à tou.te.s les artistes participant à un événement de diffusion chorégraphique. La Biennale ne peut être reconnue comme un tremplin de diffusion pour les compagnies émergentes : la programmation est en effet principalement élaborée autour de chorégraphes et de compagnies déjà renommé.e.s à l’échelle nationale ou internationale. Ce sont encore les plus réputé.e.s qui sont ensuite sélectionné.e.s pour participer aux programmes favorisant la diffusion, ce qui fait que tou.te.s les artistes n’accèdent pas aux mêmes opportunités pour élargir leurs parcours circulatoires. De plus, les chorégraphes interrogé.e.s sont d’accord pour constater que ces incidences sur la diffusion chorégraphique dépendent de chaque édition à laquelle ils.elles ont participé, du projet qu’ils.elles y ont présenté et des contacts qu’ils.elles y ont établis.
La réflexion portait également sur les outils permettant d’évaluer l’évolution des trajectoires circulatoires des danseur.se.s à partir d’un événement ponctuel. Plusieurs points sont ressortis à ce propos. Il est bien difficile de déterminer des rapports de causalité dans l’élaboration de trajectoires de diffusion. Celles-ci sont bien souvent très complexes, résultant de réseaux de contacts établis et de lieux fréquentés par les artistes, qu’il demeure très difficile de démêler. Tenter d’observer les calendriers de diffusion des chorégraphes afin de déterminer si des évolutions géographiques se sont opérées suite à leur participation à un événement s’avère une démarche peu fiable, car rien n’y indique des rapports de causes à effets. En revanche, le regard que les artistes portent sur leur propre parcours se révèle fort intéressant pour déterminer la manière dont, selon eux.elles, leurs circulations ont pu être impactées par leur participation (potentiellement répétée) à la Biennale.
Références bibliographiques
Anne-Laure Amilhat-Szary et al., 2010, « Artists Moving and Learning. A comparative study on artistic mobility », European Commission.
Christophe Apprill, 2016, « One step beyond : la danse ne circule pas comme la musique », Géographie et cultures, n°96, p. 131-150.
Fabien Barthélémy, Camille Boichot, 2014, « Entre mouvement et ancrages : les spatialités d’artistes mobiles », Belgeo, n°3. DOI : 10.4000/belgeo.13317
Fabien Barthélémy, 2016, « Spatialités et territorialités du “voyage ordinaire”. La mobilité internationale des artistes rhônalpins », thèse de doctorat de l’université Grenoble Alpes, soutenue le 6 juillet 2018.
Elian Djebbari, 2016, « Danse, mobilités et dynamiques territoriales au Mali », Géographie et Cultures, n°96, p. 61-83.
Amanda Rogers, 2017, « Advancing the geographies of the performing arts: Intercultural aesthetics, migratory mobility and geopolitics », Progress in Human Geography, vol. 2, n°4. DOI : 10.1177/0309132517692056.
Communication présentée à l’occasion du colloque jeunes chercheurs Danse et géographie : mobilités, circulations, imaginaires, les 31 janvier et 1er février 2019, au Centre national de la danse.
Les actes, sous format numérique, sont dirigés par Marion Fournier, Oriane Maubert et Karine Montabord, comité de l’Atelier des doctorants de 2017 à 2019.
Biographie
Biographie à la date du colloque (2019) – Magali Chatelain est agrégée de géographie et doctorante à l’université Lumière Lyon 2. Son travail porte sur les pratiques spatiales des danseurs, dans une approche multiscalaire et comparatiste. Après s’être penchée sur les pratiques touristiques des danseurs amateurs (Cuba), elle s’est tournée vers les danseurs professionnels, en s’interrogeant sur l’articulation des différentes échelles de pratiques spatiales des danseurs dans des contextes métropolitains européens (Lyon et Bruxelles).
- L’Office National de Diffusion Artistique, créé en 1975 par le Secrétaire d’État à la Culture, a pour mission d’assurer la circulation des œuvres du spectacle vivant sur le territoire français. [↩]
- L’Institut Français, créé en 2011 en remplacement de l’association Culturesfrance, est chargé d’assurer la promotion des artistes et des compagnies françaises à l’étranger, tout en facilitant les échanges artistiques. [↩]
- Constat émis par la personne en charge de la coordination du Focus Danse à l’Institut Français, au cours d’un entretien réalisé en avril 2017. [↩]
- Ces chorégraphes ont également pris part à l’édition 1998 de la Biennale, en proposant un spectacle pour jeune public. Ils ne faisaient cependant pas partie de la programmation officielle, et n’avaient pas encore fondé de compagnie. [↩]
- Citation extraite d’un entretien réalisé en mars 2017 avec l’un des chorégraphes de la compagnie D. [↩]
- Citation extraite d’un entretien réalisé en mars 2017 avec l’un des chorégraphes de la compagnie D. [↩]
- Citation extraite d’un entretien réalisé en mai 2017 avec l’un des chorégraphes de la compagnie E. [↩]
- Citation extraite d’un entretien réalisé en mars 2017 avec l’un des chorégraphes de la compagnie D. [↩]
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Marion Fournier, Oriane Maubert, Karine Montabord (25 octobre 2024). Magali Chatelain, « Questionner la circulation des artistes de la danse au prisme d’événements ponctuels : l’exemple de la Biennale de la danse de Lyon ». Doctorants en danse. Consulté le 10 février 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/12kmk